Thursday, 13 October 2011

A Google chat with Nobel Peace Prize-winner Leymah Gbowee

En Français

(cross-posted from the Google Books blog)

Last Wednesday, Liberian peace activist Leymah Gbowee stopped by Google to discuss her new memoir, Mighty Be Our Powers: How Sisterhood, Prayer, and Sex Changed a Nation at War (Beast Books, 2011). We were fortunate to have this extraordinary individual visit just two days before she found out she was one of three women awarded the 2011 Nobel Peace Prize.

By way of background, Liberia in the early 2000s was a country ravaged by a civil war that had claimed the lives of more than 100,000 people. But the country's president refused to hold peace talks. Meanwhile the fighting continued, and warlords trained child soldiers. In the midst of this chaos, Gbowee had a dream.

"I heard a voice, and it was talking to me, commanding me: Gather the women to pray for peace!" she writes.

Gbowee began organizing Liberian women of all ages, backgrounds and religions. Hers is an amazing tale of women’s unity: dressed in white, they picketed for months and confronted Africa’s male leaders. Thanks to their efforts peace was achieved, and in 2005, Liberia elected Ellen Johnson Sirleaf - the first modern-day female head of state in Africa.


Google vice president Megan Smith talks with Leymah Gbowee

I had the good fortune of being able to sit down with Leymah before her talk and ask her some questions. The first two questions are excerpted from my conversation with Leymah, while the second two are questions asked by Google audience members during her talk:

Q: What advice can you give to girls around the world?

A: Something that happens to girls that's universal and across all social statuses is that we let little things take our focus away. Whether you're a girl from Liberia or the U.S. or Hong Kong, you will have challenges. Don't let your story be that you didn't mount those challenges, whether in school or in your social life.

Q: A central story in your memoir is your relationship with an abusive man. That's something many women can relate to. What's your advice to them?

A: I always make myself available to listen in a non-judgmental way. When you are in an abusive relationship, the person is making you believe you can't get out, nobody will love you, etc. I try to sit and listen to women and I never criticize. I'm that shoulder. I'm there. I let them know there's always a place to come to if they need something. I've found myself helping women with finances if they make the decision to run away – I did this with girls who were married to ex-combatants.

Q: Were you ever afraid?

A: The war started when I was 17. I had my moments with terror in those early stages. The first time I saw a dead body I froze. By the time I was 31 I could walk over a dead body without a second thought. I had become immune to anything called fear.

Q: The Western media made a big deal out of the Liberian women withholding sex while advocating for peace, but it wasn’t a huge part of your memoir. What are your thoughts on that?

A: In [the US] the sex industry keeps the financial wheels turning... that over-objectification, it's destroying not just this country but our country as well. When I was growing up I sold donuts. Now girls say, "Why do I want to sell a donut when I can sell myself and make $20?" [Google needs] to start a campaign here showcasing very smart women turning on their brains... it is part of your corporate social responsibility.



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Un chat Google avec Leymah Gbowee, Prix Nobel de la Paix

Mercredi dernier, la militante pacifiste libérienne Leymah Gbowee a fait un passage chez Google pour parler de son nouvel ouvrage, Mighty Be Our Powers: How Sisterhood, Prayer, and Sex Changed a Nation at War (Que nos pouvoirs soient puissants : comment la communautéde femmes, la prière et le sexe ont changé une nation en guerre)(Beast Books, 2011). Nous avons eu la chance de recevoir cette femme extraordinaire deux jours avant qu’elle n’apprenne qu'elle figurait parmi les trois femmes lauréates du Prix Nobel de la Paix 2011.

Pour rappeler le contexte, au début des années 2000, le Libéria était un pays ravagé par une guerre civile qui a coûté la vie à plus de 100 000 personnes. Mais le président du pays refusait d’ouvrir des pourparlers de paix. Les combats ont donc continué, les seigneurs de la guerre enrôlant et formant des enfants-soldats. Au milieu de ce chaos, Gbowee a fait un rêve.

« J’ai entendu une voix, qui me parlait et m’ordonnait : Rassemble les femmes pour la
paix ! », écrit-elle.

Gbowee a commencé à rassembler les femmes libériennes de tous âges, de toutes conditions sociales et de toutes religions. Son histoire est un étonnant récit de l’unité des femmes : vêtues de blanc, elles se sont mobilisées pendant des mois, faisant front aux leaders africains hommes. Grâce à leurs efforts, la paix est enfin revenue et, en 2005, le Libéria a élu Ellen Johnson Sirleaf, première femme chef d’État en Afrique.

J’ai eu la chance de bavarder avec Leymah avant son chat et de pouvoir lui poser quelques questions. Les deux premières questions sont extraites de ma conversation avec elle, les autres provenant des internautes Google pendant le dialogue:

Q : Quel conseil pouvez-vous donner aux filles à travers le monde ?

A : Un constat universel concernant les filles, quel que soit leur statut social, est que nous laissons de petites choses nous distraire de notre objectif. Que vous viviez au Libéria, aux États-Unis ou à Hong-Kong, vous aurez des défis à relever. Que votre histoire ne soit pas une succession de renoncements face à ces défis, à l’école ou dans votre vie sociale.

Q : Un épisode marquant de votre livre concerne vos relations avec un homme violent.
Beaucoup de femmes peuvent s’y reconnaître. Que leur conseillez-vous ?


A : Je me suis toujours rendue disponible pour écouter sans juger. Lorsque vous vivez une relation violente, l’autre vous persuade que vous ne pouvez vous en sortir, que personne ne vous aimera, etc. J’essaie de me poser et d’écouter les femmes, sans jamais critiquer. Je suis cette épaule. Je suis là. Je leur fait savoir qu’il y a toujours un endroit où venir si elles ont besoin de quelque chose. Je me suis retrouvée à aider financièrement des femmes si elles décidaient de partir – je l’ai fait avec des filles mariées à des anciens combattants.

Q : Avez-vous jamais eu peur ?

A : Quand la guerre a commencé, j’avais 17 ans. J’ai eu des moments de terreur à cette époque. La première fois que j’ai vu un cadavre, j’étais pétrifiée. Lorsque j’ai eu 31 ans, je pouvais marcher sur un cadavre sans état d’âme. Je suis désormais immunisée contre tout ce qui peut s’apparenter à de la peur.

Q : Les médias occidentaux ont fait grand cas des femmes libériennes faisant la grève
du sexe tout en luttant pour la paix, mais ce n’est pas l’essentiel de votre ouvrage. Que pensez-vous de cela ?


A : Aux [États-Unis], l’industrie du sexe fait tourner la roue de la finance... cette sur- objectification ne détruit pas seulement ce pays, mais le nôtre également. Lorsque j’étais adolescente, je vendais des beignets. Aujourd’hui, les filles disent : « Pourquoi vendre des beignets, alors que je peux me vendre moi-même et gagner 20 $ ? » [Google doit] lancer une campagne ici pour montrer ce qui se passe lorsque des femmes très intelligentes font marcher leurs cerveaux... Cela fait partie de votre responsabilité sociale d'entreprise.

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